Être entendu (Manif Pour Tous) – petite faute de logique
samedi, avril 20th, 2013On peut lire de la plus de Jean-François Copé, appelant à manifester une nouvelle fois contre le projet de loi Taubira ouvrant le mariage aux couples homosexuels, que
« Depuis des mois, François Hollande et son gouvernement méprisent les opposants […] et refusent de les écouter »,
J’aimerais pour une fois ne pas prendre parti sur le fond, car ce n’est même pas utile pour voir à quel point cette incitation à l’action (pacifique, on entend bien …) va déjà à l’encontre de toute logique.
En effet, l’argument de fond, si l’on regarde le sens de la phrase, ce n’est pas que les opposants au projet n’ont pas été écoutés, mais qu’ils n’ont pas été suivis. Ainsi, il semble donc inadmissible qu’un gouvernement n’aille pas dans le sens de manifestations.
Cependant, il y a eu deux manifestations en faveur du projet. Il serait donc tout aussi inacceptable que le gouvernement n’entende pas les manifestants en faveur du projet. Sans compter toutes les marches de fiertés à Paris et dans les grandes villes, réclamant le droit au mariage depuis des années.
Il est par conséquent inacceptable que le gouvernement maintienne ou suspende ce projet. Quelle que soit l’issue donc, elle est inacceptable.
Comme chacun pourra le constater, Mr Copé considère donc qu’il est inacceptable de ne pas suivre ses préconisations, mais fait bien peu de cas du bon sens élémentaire, ou alors simplement de l’égalité de principe avec ceux qui ne pensent pas comme lui ? Ah ça l’égalité, ça n’est pas son fort.
[FAAD] Il faut un débat national
mardi, novembre 20th, 2012[FADD] : Faudrait arrêter de déconner. Depuis quelques semaines le débat sur l’ouverture du mariage dérape. Enfin dérape, je me comprends : il laisse enfin voir qui pense quoi, et finalement c’est peut-être une bonne chose. Cependant, il y a à mon sens un certain nombre de mises au point à faire.
« Il faut un débat national » (disent-il)
Ah ça, depuis que le grand débat sur l’identité nationale a permis à toutes les haines latentes de s’exprimer, ils en réclament. Il semble donc que les insultes dans les médias ne suffisent plus. C’est vrai que dans un grand débat, on peut aller beaucoup plus loin encore. On peut « se lacher », si jamais comparer les homosexuels à des pédophiles mangeurs d’enfants ne suffisait pas.
Et bien j’ai une nouvelle : il va y avoir un débat à l’assemblée nationale. Ça tombe très bien, c’est exactement à ça que sert cette assemblée, élue démocratiquement, et qui adopte les lois. Et le niveau est parfois un peu plus élevé que sur les plateaux de BFM.
Et non, malgré ce qu’ont pu dire certains manifestant interviewés, cette loi ne sera pas imposée. Elle sera votée par une assemblée représentative du peuple, et si mes souvenirs sont bons, le peuple est souverain (j’ai toujours trouvé que cette expression sonnait bien).
Hurler à la loi imposée, donc à la non-démocratie, c’est simplement nier le fonctionnement des institutions : stupide et de mauvaise foi.
Le droit à se faire entendre ?
lundi, mars 16th, 2009Au risque de passer pour le vieux réac avec 30 ans de retard, il y a toujours des propos qui me font réfléchir.
Attention, ce billet s’annonce plutôt chiant.
Ainsi, j’entendais à la radio une jeune femme justifier son occupation des voies SNCF en des mots qui donnaient à peu près ceci : « cela fait déjà 3 mois que l’on manifeste et que l’on fait des grèves, le gouvernement n’a pas reculé, il faut bien qu’on se fasse entendre ».
Sur le fond de sa revendication, le pire, c’est que je suis absolument d’accord avec elle. Cependant, existe-t-il vraiment un droit à se faire entendre ? Ou plus précisément, un droit à être écouté d’une part, et avoir gain de cause d’autre part ?
A priori, l’un fondement des fondements de la démocratie c’est de pouvoir s’exprimer, le droit à crier donc, et malgré un certain nombre de pratiques autoritaires de la gouvernance actuelle, il n’a pour le moment absolument pas été remis en cause. Les manifestations sont autorisées, dans la très grande majorité des cas, elles se passent bien, et s’il y a toujours maintes forces policières, je crois qu’on n’a jamais entendu les organisateurs se plaindre d’une quelconque intimidation par celles-ci.
Mais donc, si à force de manifestations rien n’y fait, rien ne change, a-t-on légitimité à passer à la vitesse supérieure ? Si une cause ne mobilise pas assez de gens pour que des manifestations monstres, qui ont su faire reculer les gouvernements dans le passé, se crée, la cause est-elle légitime ? Peut-on en son nom bloquer des centaines de passager (attention, rien à voir avec les grèves SNCF qui se contentent de ne pas travailler, sans empêcher désormais les non-grévistes de le faire !)
D’un côté, un grand nombre d’avancées de notre société se sont faites grâce à des transgresseurs, c’est à dire précisément des gens qui ont été plus loin que la simple grêve/manifestation. Mais 1-il s’agit tout de même plutôt d’avancées sociales (le manifeste des 343 salopes menant à la loi sur l’avortement par exemple) 2-on entend aujourd’hui des appels à la désobéissance pour tout et n’importe quoi.
D’un autre côté, si une partie de la population est favorable à une mesure, et une autre défavorable, les deux parties vont-elles alors venir s’affronter pour voir laquelle bloque le plus de train, brise le plus de poubelles, provoque le plus d’opérations escargot ? Non, car ce n’est pas ainsi qu’on a conçu la démocratie ! Si une cause ne réunit que peu de gens, c’est qu’elle n’est pas populaire et le gouvernement peut continuer sa réforme de manière légitime (au delà de la légitimité d’avoir une assemblée élue au suffrage universelle qui votera la loi).Mais de plus en plus, qui est prêt à se mobiliser pour une cause qui ne le touche pas directement ? Qui va sacrifier ses courses du samedi pour aller manifester ? Moi le premier, je me déclare pas prêt du tout à aller manifester pour soutenir cette bonne dame avec qui j’étais pourtant d’accord.
Autant dire que je suis complètement perdu, j’entends bien les arguments des deux côtés, et ils me semblent tous importants. Je ne sais quoi penser. Au secouuuuuuuuuuuurs !
(Comme promis, c’était assez chiant, je vais arrêter de parler politique)