Hier c’était la « grande manif », la « manif pour tous », ils étaient des centaines de milliers, c’est vrai. De mon côté, je suis resté éloigné des médias, je me suis méfié de Facebook, j’ai même largement hésité avant d’aller faire mon marché, par peur de me confronter réellement à ces autres.
Bien sûr, les « pro-mariage », mes amis (leur intégralité je crois), voient en eux les réacs, les haineux, les insultants, mus pas je ne sais quelle conception passéiste de la vie, de ce qu’elle doit être. J’y vois tout ça bien sûr, mais aussi des gens qui ont peur. Peur des autres, peur du changement, besoin de garder des repères, comme mon grand-père n’a probablement jamais compris pourquoi dans son enfance on lui a enseigné que les Arabes n’étaient pas nos égaux, et pourquoi dans la mienne on m’a enseigné l’égalité et exhorté à combattre le racisme.
Une première partie de moi comprend donc ces gens, enfin, certains d’entre eux. Je ne suis bien entendu pas d’accord, mais je comprends (ou au moins je crois que je comprends) la peur. La peur entretenue par une savante campagne de désinformation (j’ai lu le tract, il est bourré de contres vérités) des organisateurs, des partis politiques, des haineux et de l’Église.
Une autre partie de moi ne comprend pas. Et vraiment pas du tout. Je suis désarmé face à un tel manque de logique, face à cette réponse manquante, qu’aucun d’entre eux ne peut nous donner : qu’est-ce que ça peut leur faire que je me marie ?
C’est complètement incompréhensible pour moi, je cherche, je tourne, je retourne, je ne comprends pas. Et pour mon esprit cartésien au possible, c’est absolument insupportable, ça me parait illogique donc faux, c’est gens ont donc forcément tort. Point. Rien d’autre à dire.
Et il y a une dernière partie de moi, que je garde le plus souvent cachée qui, alimentée entre autre par cette incompréhension, a simplement envie de devenir violent; qui ne peut s’empêcher de penser qu’une bonne gifle pourrait leur remettre les idées en place. Façon interrogatoire dans un polar. Façon éducation dans les années 50, ce qu’on connu ou infligé la plupart de ces manifestants. Pour leur demander au juste ce que ça peut leur faire.Pour leur expliquer que la superstition et l’obscurantisme au pouvoir c’est très has been, façon XIVe siècle. Pour leur demander en quoi je les dérange. Et surtout pour oublier que je-ne-comprends-pas. Juste une bonne gifle.
Mais je ne cautionne pas la violence, je ne l’ai jamais fait, j’espère ne jamais le faire. La violence, c’est devenir comme eux, haineux. C’est les laisser gagner. C’est leur donner raison, accepter la haine comme acceptable.
Alors je me calme et je ne déteste pas ces gens. Je les plains, ils doivent avoir une vie bien triste pour se gâcher un dimanche après midi.
Je vais tout de même faire mon marché, je réfléchis.
Je les plains et je m’achète des fleurs.
Et je vous les offre.