Vendredi en début de soirée, M. et moi sommes allés au Musée Maillol afin d’y voir l’exposition « Miró sculpteur » dont le nom chatouillait ma curiosité depuis un moment.
Comme pour chaque expo où je mets les pieds, je ne me suis pas spécialement renseigné sur l’artiste et son œuvre avant de venir, et si je connais vaguement quelques tableaux célèbres, je n’ai pas d’idée préconçue de ce que je vais trouver. J’attends en général d’une expo qu’elle soit suffisamment didactique pour que le visiteur comprenne ce qu’on lui montre. Et c’est pour moi un élément clé : trop de détails donnent trop de lecture, alors que si j’ai vraiment envie de tout connaître en détail, je prendrais l’audioguide. Mais être lâché en pâture au milieu de sculptures ou peintures, je n’ai jamais apprécié non plus. J’avais vu Magritte il y a quelques temps au même endroit, et j’avais été tout à fait satisfait du niveau d’explication.
Nous entrons donc, agréablement surpris par l’esthétique du garçon qui tient la caisse à l’entrée, ça fait toujours plaisir. Le dépliant accompagnant l’expo a l’air tout à fait classique, trois pages recto-verso avec du texte, aéré, tout ça s’annonce très bien. Nous déambulons donc au milieu de bronzes intitulés « femme », »oiseau », ou « personnage », ou toute combinaison des intitulés précités. C’est tout à fait conforme à ce que j’imaginais de sa peinture, c’est assez esthétique, beaucoup de travail sur la matière.
Comme cela se fait souvent, à l’entrée de chaque salle, sur un mur figure un texte, repris du dépliant. Cherchant à comprendre ce que je vois, je lis ces textes avec attention. Et là, c’est le drame :
Pour contrer la tyrannie du volume et retrouver le lyrisme spontané de la ligne vivante, le peintre grave ses sculptures pour y tracer ses propres lignes.
Personnellement, je n’y comprends rien, et je commence à me sentir un peu coupable ressentir la tyrannie du volume et ne pas comprendre le lyrisme spontané de la ligne vivante.
Sérieusement, c’est un vrai commentaire ça ? Voilà qui me rappelle une explication à Beaubourg à propos d’une œuvre figurant deux martiens en carton-pâte en train de copuler dans une chambre humaine des années soixante. Le texte commençait par « Dans son univers typiquement Dantesque » ….
Tyrannie ou pas, l’expo se parcours assez rapidement, et si j’ai trouvé tout cela très esthétique, j’avoue qu’il me manque une certaine compréhension. Pourquoi retrouve-t-on toujours des chaussures dans ses sculptures, tantôt symbolisant les yeux, parfois l’oiseau, parfois on ne sait pas trop ? Doit-on même chercher à comprendre ? L’auteur avait-il une idée particulière en tête ?
Il m’arrive en voyant des expositions contemporaines de croire que l’artiste, vexé de n’avoir pas su faire du figuratif en trois essais s’est acharné à en faire des centaines pour pouvoir dire que c’est exactement ce qu’il voulait faire … mais il parait que je n’y comprends rien à l’art 🙂
J’ai finalement conclus qu’il faudrait voir cet exposition deux fois : une fois le regard « vierge » de tout commentaire, de manière à ne pas avoir de préjugé et n’avoir pas l’attention attirée spécifiquement sur certains points, puis la re-parcourir avec un commentaire érudit.
Nous avons ensuite pu débrancher le cerveau complètement, filer chez moi où, rejoins par A. nous avons pris l’apéro, filer dans une terrasse maraisienne pour manger et boire d’avantage avant de finir la soirée au Tango et oublier cette histoire de chaussure-oiseau.